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prolixe

29 novembre 2012

PARCOURS D'UN CRURALGIQUE

Ha ! Mes camarades ! Si vous saviez ! Je n’en peux mais de toutes ces tracasseries ambulatoires. Après cinq ans  d’atermoiements cyclothymiques dus à une douleur exagérée du nerf crural que l’on nomme, tout bonnement : une cruralgie. Je ne souhaite à personne, même à mon pire ennemi, si j’en avais un, les affres cruralgiques. La jambe gauche irritée et irritante avec, parfois, l’impression qu’elle était enfouie dans un nid de fourmis carnivores. De surcroit,  vous ne pouvez vivre ni debout, ni assis, ni couché. Des séries de crampes nocturnes à se foutre la tête contre les murs. C’est un mal insupportable et exacerbant (demandez-donc à notre ami Serge Pascouau). Après avoir consulté une demi-douzaine de spécialistes de la chose. Après m’être fait ausculter et tâter par autant de charlatans,  lesquels, avaient chacun sa méthode. L’un s’entrainait à faire des percussions sur mon tendon sous-rotulien. Un autre excitant la douleur par une extension forcée de la jambe, supplice que l’on nomme dans le  jargon des carabins ‘’ le signe de Lasègue inversé’’ ; je ne sais même pas qui c’est ce Lasègue mais il devait être fatigué le mec, parce que son machin inversé, même si t’as pas le crural touché t’es obligé de gueuler. Le  troisième me faisant le coup de ‘’l’extension de la cuisse quand le genou est en flexion’’…non mais, essayez ! Extensez donc la cuisse quand le genou flexionne, tient ! Essayez ! Essayez ! Avec ce genre de truc, vous faites avouer n’importe quoi à n’importe qui ! Si, si ! Le suivant, lui, m’a paru un peu chelou, tu vois ! Patibulaire… mais presque. Il m’a pris les choses de la vie, là, ouais, les gesticules dans la main droite, il les a faites rouler un moment et puis il m’a dit-« elles sont pas gonflées ». Renseignements pris, j’ai compris qu’à la suite d’une cruralgie elles peuvent enfler. Ca n’était pas le cas. Remarquez, elles auraient de la place, vu que j’ai de la peau pour en mettre une demi-douzaine. Quoi qu’il en soit, on m’a fait comprendre, au bout de cinq années de souffrances, de douleurs et de calamités que je ne frappais pas à la bonne porte. Il serait judicieux que je consultasse un ‘’neurochirurgien’’, un neurochir comme on dit dans le milieu concerné. C’était début mai 2011. Je ne fais ni une, ni deux. Je me mets en relation avec le secrétariat des spécialistes de la chose, hôpital ‘’Falconadia’’ de Bastia. J’avais le choix entre le professeur Vargas et le professeur Moubarak. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai choisi Vargas. Super bien le prof. IRM, radios et tout le Saint-frusquin. A la lecture de l’interprétation (c’est comme ça qu’on dit) je voyais qu’il se grattait le crâne, l’air dubitatif. Je lui lançais à mezza-voce :

-- Pourquoi vous grattez-vous la tête, doc ?». Il me répondait illico

-- Quand on se gratte la tête c’est parce qu’on ne sait pas par où commencer ». Ben, v’là autre chose.

– Ha ! Bon !» que j’lui fais ?

– Vous avez cinq hernies discales accompagnées de discopathies  dégénératives». qu’il me répond, l’effronté. Moi.

-- Ha ! Bon !» que je lui refais ? Lui

– En plus vous avez le nerf crural pincé et congestionné entre la L4 et la L5 ». Ben mon colon.

– Et faut m’opérer ? ».

– Hou ! Là ! La ! Mon cher Monsieur. Je ne veux pas vous faire une tour Eiffel dans le dos ».

Mais je ne veux ni une tour Eiffel, ni un petit…dans l’dos. Hum…je le voyais venir avec ses sabots en cuir blanc et sa blouse qui me l’filait, le blues.

– Alors ?» que j’lui dis béatement

-- Avant de penser à un acte chirurgical, nous allons essayer l’infiltration ». Ca, ça me rappelle les avocats. (Nous allons gagner cette affaire. Vous l’avez perdue mon pauvre). Vous voyez la subtilité ? Ce que j’appréhendais  le plus, l’infiltration,  me pendait, maintenant, au dessus de la tête telle l’épée de Damoclès.

Inutile de vous dire que j’ai rameuté tous les potes dont je savais qu’ils avaient eu des infiltrations. Les Pascouau, Tomat, Delbart, j’en ‘’ verts et des pas murs’’ comme dirait Caillou. Sur internet j’ai parcouru des pages entières, des paragraphes complets. J’ai visité l’Atlas du corps humain en long, en large et en travers. J’ai tout lu ‘’Doctissimo’’ avec les conseils de Marina et de Michel. Je ne savais plus à quel site me vouer tant j’en ai consultés. Je me réveillais la nuit avec des sueurs froides après des cauchemars inénarrables. Tout ça, à cause d’une (petite) infiltration. Les chocottes de ma vie.

Rendez-vous fut pris avec le radiologue à la clinique du Golfe à Ajaccio. Vous lisez bien : à Ajaccio. Je vais vous expliquer en deux mots, pourquoi passer du nord au sud de notre bonne île (and Clyde). Ca vaut pas vingt ronds aurait dit le Père Jeanne. Donc, je vous explique! 1°) L’infiltration doit être administrée sous scanner par un radiologue-thérapeute. 2°) Il n’y a pas radiologue-thérapeute à Bastia. Et lycée de Versailles, il n’y a pas, non plus, de neurochirurgien à Ajaccio ! Heureusement que c’est la même île… Tu vois pas le Maori confronté à un cas identique et vivant en Nouvelle-Zélande, avec le neurochir à Auckland et le radiologue à Christchurch. Ne faut pas, qu’en plus, il ait le mal de mer. Mais c’est pas fini !!! La clinique du Golfe n’est pas équipée pour ce genre d’intervention. Alors ? Direction l’hôpital de la Miséricorde. C’est pas beau, ça ? On reste rêveur devant tant de facilité à se guérir. Le Maori tu lui dis qu’à Christchurch on n’est pas équipé et qu’il faut aller à Wellington. Déposez vos tatouages ici, vous les reprendrez à votre retour ! C’est le parcours du con battant. Hein ! Du combattant ! Si vous voulez. Trèfle de plaisanterie, le 12 août j’étais attendu par l’équipe du professeur Chiousse. Moi, c’était plutôt, chiasse. Vous remarquerez que du mois de mai au mois d’août, trois mois ce sont écoulés. Si j’avais été piqué par un serpent venimeux… Brrr ! J’ose pas y penser. Pourtant, vous me croirez, si vous voulez, ça c’est passé comme sur des roulettes. J’ai tout vu sur écran géant. Les vertèbres, l’aiguille, le produit injecté, tout! Je n’ai rien senti qui me fit le moindre mal. J’en étais tout ébaubi. Et pour tout dire je glorifiais la médecine, les médecins, les neurochirs, les carabins et même et les charlatans. Alléluia ! Alléluia ! L’histoire, en soit, peut paraître belle au bout du compte. Moi qui craignais tant l’épreuve, je m’en tirais plutôt pas mal ! Non ? Mais l’histoire n’est pas terminée. Je vous passerais les moments d’attente d’un bien-être promis. Il vint, ce bien-être, lentement, délicatement, graduellement mais posément. Chaque jour je le sentais grandir et s’affirmer. Aujourd’hui, 22 novembre, j’ai l’impression qu’il ne lui reste pas grand-chose à me rendre. Je le ressens comme un vieux copain, perdu depuis longtemps et soudainement retrouvé. Mais c’était sans compter sur les retours de manivelle. Ma jambe droite, elle, se portait à merveille. Elle a bien assuré pendant toutes ces années de galère. Et maintenant que tout s’arrange, v’là t’y pas que c’est mon genou droit qui me lâche, le lâche ! Orthopédiste-chirurgien. Rendez-vous pris par mon neurochirurgien, jeudi 24, à l’hôpital de Bastia. Ce coup-ci, c’est une arthroscopie qui me pend au nez. Je vous réserve le privilège de mes prochaines pérégrinations en milieu hospitalier. Pour finir cet intermède clinique, je ne résiste pas au plaisir de vous citer un petit passage de l’interprétation de mon IRM. A ne lire que par ceux que ça intéresse vraiment ou bien qui s’y connaissent.

A l’étage L4L5 : Volumineuse hernie discale para médiane et foraminale gauche avec compression radiculaire de L4 gauche, majorée par une ostéophytose somatique postérieure. Discopathie dégénérative de type II de MODIC. Arthrose inter apophysaire postérieure bilatérale avec épaississement du ligament jaune

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